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Une française au pays des sables
Une française au pays des sables
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7 janvier 2006

Arlit, quand tu nous tiens.

Et le jour du départ se leva. Pourquoi faut il que tout finisse ? Pour la dernière fois, je fus la dernière levée, rejoignant en retard la famille déjà assise autour du feu pour le petit déjeuner. Aghali-Joker est venu tôt pour ne pas rater mon départ. Sabiou nous avait dit que Yahya passerait me chercher à 9h, mais nous n’avons pas eu le temps de ressentir le stress de l’attente de l’heure, car l’ambulance s’est pointée à la porte de chez Toumat à 8h30. Peut être valait il mieux, car je partis vite et trop tôt pour qu’on s’en aperçoive. Je ne tenais guère aux adieux larmoyants, d’autant plus que je ne pus retenir quelques larmes en disant au revoir à Tinna et Effes. Aghali m’a accompagnée au dispensaire. Nous avons attendu un moment avant que tout soit prêt pour le voyage sur Arlit. Je ne préférais pas penser au départ. Zico passa avec son camion à grosses pattes, et nous partîmes blaguer avec lui pour nous changer les idées. Mais entre Aghali et moi, tout n’était que malaise et sourires crispés. Mais il a bien fallu se séparer, après tout ce temps passé ensemble. « Il faut quand ? Dans un an ? » si seulement je pouvais savoir… Et déjà, penser que nous n’allons pas nous voir d’une année, cela me paraît une éternité insurmontable.

Sabiou m’avait réservé la place entre lui et Yahya, à l’avant, tandis que de nombreux passagers s’entassaient à l’arrière sur les bagages. Il comprit vite qu’il ne valait mieux pas m’adresser la parole, au risque de voir monter un torrent de larmes, que je n’arrivais à contenir que par le silence. Mais ça m’a passé avec la route. Direction Arlit. Je n’arrêtais pas de penser à ceux que je laissais derrière et à ce qui m’attendait devant, et je ne vis pas le temps passer. Déjà la ville minière apparaissait à l’horizon, s’élevant au milieu de la plaine désertique.

Je n’avais pas de point de chute. Sabiou m’avait proposé de rester chez son frère, un cadre de la Somaïr, et j’avais accepté, trouvant cela plus simple que de faire déplacer les amis des amis des amis de la famille. Donc, retour à la cité Somaïr. J’y fus très bien accueillie et n’y manqua de rien. Sabiou me fit sortir en fin d’après-midi, afin d’aller réserver mon bus pour Agadez pour le lendemain, et de me changer les idées disait-il, voyant certainement que ça tournait trop dans ma caboche. Mais ça m’a en fait plus déboussolée qu’autre chose : ayant quasi exclusivement côtoyé les Touaregs pendant mon séjour au Niger, je me suis retrouvée perdue au milieu des Djermas et Haoussas le temps de ce passage à Arlit. J’ai ressenti une ambiance vraiment différente et me suis rendue compte que du Niger je n’avais rien vu et que je ne connais en fait pas ce pays. J’ai trop pensé à Aghali-Joker, qui justement voulait m’accompagner jusqu’à Arlit pour ne pas que je me retrouve seule parmi les autres communautés… Mais Sabiou faisait bien attention à moi, et mon ami touareg n’avait pas à s’inquiéter.

Comme j’étais convoquée au bus à 3h30, il n’y avait aucun intérêt à se coucher. Sabiou m’a donc amenée en boite, à une soirée au cercle des cadres de la Somaïr. C’est un club privé réservé aux employés de cette société minière. La situation était surréaliste : déjà, j’étais en boite, et ça faisait bien plus de 6 mois que je n’étais pas allée danser en soirée, et, en plus, j’étais accompagnée par le major d’Iférouane ! En tous cas, j’en aurais à raconter à mes iférouanais !

Puis nous sommes allés à la gare routière de Rimbo, une des compagnies de bus assurant la liaison Arlit-Niamey. Gourgou, le frère aîné d’Ibro, m’avait raconté qu’ils avaient eu un accident fort meurtrier quelques jours auparavant. Qu’importe, c’est le moins cher, et on va se dire qu’ils vont avoir renforcé la sécurité suite à ce triste évènement…

Sabiou voulait me faire aimer Arlit, mais je crois que c’est désespéré, malgré que nous ayons passé une soirée agréable. J’étais en effet bien contente de monter dans le bus qui allait m’emmener loin des radiations. Mais je lui serais toujours reconnaissante pour le séjour. Un jour prochain, peut être, dans d’autres conditions, il pourra toujours retenter.

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Commentaires
C
Sacré périple! Ton récit est passionant. Grâce à toi, sans même prendre l'avion, j'ai pu voyager entre Gougaram, Iférouane, Agadez, Timia (c'est vrai que l'arrivée sur Timia en arrivant d'Iférouane est assez extraordinaire), au son des guitares et des tendés, ressentir la chaleur du pays.<br /> Bravo, ça fait plaisir! Tanemert<br /> <br /> Camille
M
si tu savais Anne comme tes commentaires sur le départ d'Iferouane me rappellent mes propres départ, ce vide ressenti dès les premiers soubressauts de la piste et le mont tamgak qui s'amenuise petit à petit avec la sensation de n'être plus entier et de laisser une bonne partie de soi même derrière soi,si ce n''est l'essentiel.Et une fois le sac posé en france de n'avoir plus qu'une idée en tête : à quand la prochaine fois ? ca aide à supporter le froid et les absurdités de notre monde qui sautent aux yeux de façon tellement évidente que l'on se demande comment on fait pour y replonger malgré tout.<br /> en attendant un prochain salam aleikum je te dis<br /> ar assaghat !<br /> domi
Une française au pays des sables
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