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Une française au pays des sables

Une française au pays des sables
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28 septembre 2012

Le voyage continue...

... et pour moi, cela se passe ici : http://ninouneenvadrouille.blogspot.com/ !

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5 décembre 2006

Photos !!

Suite à quelques remarques, j'ai pris note des réclamations et j'ai ajouté des photos pour agrémenter mes albums... Promis, je continuerai à les charger en souvenirs, alors gardez y un oeil ;) !

En attendant, bienvenue à la fête de l'Aïd, édition 2005, afin d'illustrer mon récit posté il y a de cela plus d'un an déjà !! Et je vous présenterai à mes cousins forgerons [album les forgerons] qui vous proposeront leur plus belles pièces d'argenterie... Bon voyage !

2 décembre 2006

Souvenir de ma première résidence iférouanaise

Une question récurente qui m'est posée est : mais comment tu logeais quand tu étais au Niger ? où tu dormais ? Pour y répondre en partie, j'ai récemment retrouvé une description que j'avais écrite au début de mon séjour, alors que je résidais chez mon maître de stage et premier adjoint au Maire M. Houma. En la retranscrivant en format informatique, de nombreux souvenirs me sont revenus, et je pense que, quoiqu'un peu rébarbative par moment, cette description reflète bien mes conditions de vie à mon arrivée à Iférouane : observation, lenteur, isolement. Par la suite, tout a bien changé, mais il a fallu savoir se faire apprivoiser par ce nouvel environnement et s'y intégrer...

Ma piole

C’est une petite chambre construite de briques de terre d’approximativement 15m². Je dis bien approximativement, car je n’ai jamais été douée pour évaluer les distances et les espaces, et j’ai estimé la surface au nombre de mes pas irréguliers bien loin de la mesure métrique. Une porte de tôle ondulée bleue en ouvre l’accès. Elle ne ferme pas et se permet même de grincer quand le vent la titille. Alors je la maintiens ouverte en la bloquant avec une planche de bois, et tente de la fermer quand je pars en vadrouille en la tirant fort pour qu’elle se coince, souvent en vain…

A ses côtés est percée une petite fenêtre bleue également, de tôle pareillement, mais prête à tomber et hasardeusement maintenue en place par un seul des deux gonds. Je la maintiens ouverte le jour en la soutenant par un morceau de bois, histoire de faire rentrer le peu d’air qui me donnera une douce illusion de fraîcheur. En effet, la température intérieure atteint des records, mais au moins je me dis que cela fera fuir les scorpions qui préfèrent la fraîcheur.

Au sol, c’est de la terre poussiéreuse et du sable grossier. Mais j’ai la chance de disposer du revêtement local et la majeure partie de mon parterre est recouvert de nattes : une grande, une moyenne et une petite. Et comme s’asseoir ou s’étendre sur une natte chaude rend malade (Alhassan n’arrêtait pas de me le répéter !), je dispose également de couverture (au nombre de deux) à étaler par-dessus. Comble du luxe, j’ai aussi un matelas que je place perpendiculairement à la porte, contre le mur qui lui fait face. Ainsi, quand j’écris, je lis ou me repose, j’ai vu, dès que je tourne la tête vers la droite, sur Aïchatou qui prépare le repas dans la cuisine et sur les gens traversant la cour pour rendre visite aux propriétaires des lieux.

Côté mobilier, directement en entrant sur la droite se trouve un grand bureau de bois blanc aux longues pattes métalliques, avec même deux tiroirs pouvant être fermés à clef, à défaut de ma porte d’entrée ! Comme il n’y a pas de chaise, il ne me sert pas à grand-chose en fait, si ce n’est à poser mes affaires de toilette. A gauche, toujours en entrant, contre le mur sous la fenêtre se trouve ma deuxième pièce de mobilier, une petite table basse où j’ai entreposé livres et cahiers. Une grosse guêpe rouge l’a trouvée bien à son goût et en a profité pour construire son nid (en terre tant qu’à faire, pour ne pas détonner avec la décoration) juste sous la tablette. Elle vient y trafiquer durant la matinée puis part traîner la journée durant je ne sais trop où, elle ne m’en tient nullement informée.

Parmi mes autres colocataires, il y a aussi un lézard couleur sable à l’air hagard qui aime s’amuser à grimper à toute vitesse le long du mur puis à effectuer un saut périlleux le faisant rebondir sur mon sac ou ma poubelle, c’est selon. Puis il y a l’ami moustique qui squatte étrangement toujours le même endroit : le pied du matelas… Dès que j’y mets la tête, il vient me saluer du bruit strident et stressant de ses battements d’ailes. Pour finir, il y a ces multitudes de mouches, agaçantes petites bêtes qui me tapent sur les nerfs, bourdonnant sans se fatiguer du matin au soir.

Contre les murs sont fixés des morceaux de bois plantés de clous faisant office de porte-manteaux. J’y ai accroché mes fringues, tuniques et pantalons décorant ainsi un peu plus ma chambre, et le sac de laine multicolore crocheté que m’a offert Alhassan, afin d’égayer l’ensemble. De même, pour le garder de l’offensive des fourmis, j’y ai suspendu mon pochon « p’tit déj’ » contenant fruits des jardins et les fameux biscuits « casse croûte », compagnons indispensables des sorties en brousse ! La bouillie de mil et de lait mélangés me rendant malade, il m’a bien fallu trouver une alternative pour me nourrir le matin…

Tous les soirs, je sors mon matelas pour le poser sur un sommier à ressort placé contre le mur, sous la fenêtre. Eh oui, je dors tous les soirs dans un lit, un vrai ! Je fixe ma moustiquaire à un clou planté dans le mur qui s’effrite, et m’assoupis chaque soir en contemplant à travers la fine maille la multitude d’étoiles qui scintillent dans le ciel, mon chèche ramassé en boule en guise d’oreiller…

Je passe mes journées dans cette chambre, cette antre, cette piole, appelez la comme bon vous semble. C’est à la fois mon bureau, ma salle à manger, mon salon. Je passe de longs moments à fixer son plafond de bois et de nattes. Mais mon moment favori reste tout de même celui où j’en quitte la lourde atmosphère pour aller me perdre en vagabondage dans les rues d’Iférouane !

1 décembre 2006

Voyage en Algérie 2004 : mais c'est pas bientôt fini non??

Epilogue.

Toulouse, le 17 décembre 2004.

Cher M. De Saint Exupéry,

Voilà désormais un peu plus d’un mois que je suis revenue d’un voyage touristique autour de Tamanrasset, dans le Sahara algérien. J’ai été fascinée par la beauté de la Nature et suis tombée sous le charme mystérieux du Désert. J’y ai rencontré des fennecs, des gerboises, des vipères, et même un cotonnier, mais je suis au regret de vous annoncer qu’aucun d’entre eux n’a été en mesure de me renseigner au sujet de votre ami disparu.

Toutefois, j’ai vécu là-bas une expérience étrange et riche en émotion, notamment par la découverte d’une culture et d’un peuple étonnant. Au bout d’une longue réflexion issue de ces dix jours passés sur cette autre planète, j’en suis venue à la conclusion que votre ami n’est jamais parti de la Terre : bien plus que dans les étoiles, il vit en chacun de nous, et son histoire, votre histoire, est celle de tous ceux qui ont osé se perdre dans le Désert.

Consolez vous donc, le Désert offre l’éternité, et les étoiles, qui ont maintenant un sens à nos yeux, n’en finiront pas de briller.

Je finirai cette lettre à la manière des grandes personnes (qui méritent bien qu’on les plaigne car elles passent à côté de l’essentiel), en vous priant d’agréer de mes sentiments les meilleurs.

Anne Maillol.

28 novembre 2006

Voyage en Algérie toussaint 2004 : suite et fin !

Je repasse sur ce blog et m'aperçois que jamais je n'avais terminé le récit de mon tout premier voyage outre Méditerranée, périple qui m'a fait découvrir le Sahara... Je me rattrape donc en vous présentant toutes mes excuses, cet épilogue... !

Le 1er novembre : Dernier jour.

Je ne voulais pas me lever. Rester couchée encore un moment sur la terre du désert, l’oreille collée au sol à écouter les bruit de pas résonner, les pas des autres qui s’activaient à ramasser toutes leurs affaires. Comme tous les matins en fait. Sauf que celui là était le dernier, et je ne dormirai plus sous les étoiles, je ne me laisserai plus réveiller par les rayons du Soleil, je ne sentirai plus ce sable sous ma main. Le Soleil cognant dur sur mes paupières closes m’obligea à finalement accepter ce dur état de fait : le jour du départ avait fini par se lever. Levant la tête, j’ai vu Aziz, qui revenait juste de réparer sa batterie, me saluer. J’étais vraiment la seule à traîner dans ce bivouac, et, en laissant mon regard parcourir le campement, je me suis aperçue que tous étaient presque prêts pour le petit déjeuner.

La journée fut tranquille. Les arrêts étaient longs, Fendek semblant vouloir prendre son temps. Ainsi, nous avons fait une halte gravure pour admirer une superbe girafe et un buffle qui se dessinaient au milieu d’un chaos de roches. Puis nous sommes allés visiter une guelta à proximité de Tamanrasset, nommée Imlaoulaoune, que Mohamed appelle « Tamanrasset beach » car beaucoup vienne s’y baigner, malgré les sables mouvants tapissant le fond et l’eau parasitée. Elle est creusée dans la roche et est constituée de trois bassins en escalier. Nous n’avons pu voir que le bassin inférieur, les deux autres étant trop hauts et inaccessibles sans risquer un plongeon dans le premier. Le charme du site était malheureusement gâché par de nombreux sacs poubelles et autres ordures abandonnées par des visiteurs.

Nous nous sommes arrêtés tard pour manger, à un endroit où Mohamed nous a dit avoir l’habitude de venir avec des amis, et tous les pauvres touristes étaient au bord de l’hypoglycémie. Ramadan, se sera pour l’an prochain ! J’étais crevée et bien peu motivée. Cet après-midi, nous allons aller à Tam où douche et shopping étaient programmés. Nous avons retraversé des plaines poussiéreuses, croisant un vol de criquets qui remontent vers le nord après avoir ravagé les pays plus au sud. Un est même rentré dans la voiture, attaquant Nicole qui se trouvait à l’arrière.

J’étais dans la voiture d’Aziz, qui se trouvait à la seconde place, juste derrière Fendek, comme à son habitude. A un moment, ce dernier a ralenti, lui faisant signe de passer et d’ouvrir ainsi la marche. Le voyant hésiter et prêt à se défiler, j’ai chauffé mes compagnons de voiture pour l’encourager à accepter l’invitation. Et ça a valu le coup ! Il nous a fait passer par une vieille piste à moitié écroulée et en sale état, se livrant à des prouesses de conduite. Nous n’avons jamais été autant secoué ! J’ai l’impression que Mohamed et Fendek ne semblent rater aucune occasion de tester Aziz. Il nous a bien mené au travers de la montagne, puis Fendek a repris les rênes jusqu’à Tamanrasset chez Mahmoud, un ami de Mohamed qui nous prêtait sa maison pour une douche et un thé. Au passage, nous avons laissé Miloud sur le lieu de notre tout premier bivouac, pour qu’il prépare le repas pour ce soir.

Mahmoud habite une belle maison qu’il loue à l’état, très claire et carrelée. Nous nous sommes installés sur les matelas posés dans le salon, sur lesquels reposaient de douillets coussins, en attendant notre tour pour investir la salle de bain. Il nous a même allumé la télévision (et sur M6 pour bien faire), chose qui, à ce que nous racontait Jean, est incontournable lorsqu’on est invité chez quelqu’un ici !

Ensuite, direction la ville pour marchander des bijoux, à la plus grande joie de ces messieurs ! Mais, encore une fois, je me suis sentie trop mal à l’aise. Pourtant, nous n’avons fait que traverser une rue pour aller s’enfermer chez un marchand ! Que des hommes dans les rues, beaucoup d’agitation, et une sale impression que tout le monde t’observe. Mohamed et Aziz restant distants, les autres occupés à leurs achats, je me sentais bien seule et vulnérable, avec une peur quasi panique qui me prenait au ventre et me paralysait. Je ne sais pas vraiment à quoi c’est dû, et c’est la première fois que je ressent ça en voyage. Je ne me suis en effet jamais sentie ainsi inhibée, même lorsque j’étais seule en Irlande. Ca m’a fichu un coup de blues qui m’a poursuivi toute la soirée.

Miloud nous avait préparé un vrai festin, et, pour l’occasion, touaregs et touristes se sont assis ensembles pour partager ce repas gargantuesque. Ils nous auront gâté jusqu’à la fin.

L’avion a eut deux heures de retard, mais je ne les ai pas vues passer, allant discuter avec l’un et l’autre, pour me retrouver au final entourée de Miloud, Mohamed et Aziz, tous beaux dans leurs habits traditionnels sortis à l’occasion de notre départ.

Et il a fallu se dire au revoir… Je me suis frotté une dernière fois les mains dans le chèche indigo d’Aziz afin d’en garder un peu la teinte sur ma peau. Tout comme elle, ma peine passera avec le temps, et il me faut quitter ce monde pour retourner parmi les miens, dans ma réalité.

C’en est fini de rêver.

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15 août 2006

Algérie Toussaint 2004 : chapitre 11

Le 31 : Panne.

Jusqu’à hier, le programme du jour n’était pas encore défini. De toutes façons, ici, avec Fendek, il faut apprendre à suivre sans poser de questions…

Nous sommes donc repartis « on the road again » autour de Tamanrasset. De nouveau, nous avons traversé des villages, et nous sommes arrêtés dans un nommé Tahifet, afin d’y faire quelques courses. Miloud et Mohamed ont d’ailleurs fait ouvrir ce qui sert d’épicerie (ravitaillée par on se demande quels corbeaux), fermée vraisemblablement pour cause de Ramadan. Je me suis sentie ici particulièrement mal à l’aise. Je ne sais pourquoi, l’ambiance silencieuse qui y régnait me pesait. Pourtant, il y avait du monde dehors, mais tous se tenaient à l’écart, dans l’ombre des maisons basses, femmes d’un côté, hommes de l’autre, les enfants jouant entre. De grands panneaux solaires étaient installés afin de fournir l’énergie nécessaire à la communauté, touche de technique contrastant avec les habitations traditionnelles. Je n’avais qu’une envie, celle de partir au plus vite retrouver le désert !

Quand ils eurent fini leur trafic, nous nous sommes mis en quête d’un endroit où s’arrêter manger. Manque de chance, la voiture d’Aziz, qui nous causait régulièrement des problèmes, a fini par nous lâcher sur la piste, la batterie qui commençait à fondre sauvée de justesse par les réflexes de notre conducteur.

Le repas de midi a donc tourné en conseil des chefs, qui a décidé après longues délibérations, que Mohamed, Christiane et Jean allaient de nouveau reprendre la route de Tam pour aller chercher une nouvelle batterie. Comme d’habitude, on ne discute pas et on suit, en gardant toujours la bonne humeur. Mais pour ça, il n’y a jamais de problème avec notre joyeuse compagnie : c’est ainsi qu’attendant le verdict de Fendek, nous avons eu droit à un rodéo d’Aziz sur un âne qui broutait tranquillement à proximité sans demander rien à personne. Je pense qu’il a bien dû se faire rabattre les oreilles par la targuila voilée d’indigo que nous avons vu descendre d’une colline voir ce qui arrivait à son pauvre mulet !

Nous nous sommes donc retrouvés pour la seconde fois à deux voitures, dont une bien peu fiable : en effet, comme la batterie était morte, il ne fallait pas qu’elle cale, sinon, il était impossible de la redémarrer. Pour limiter les risques, nous avons ainsi pris directement la route du bivouac, proche de Tamanrasset, laissant Mohamed continuer vers la ville. Mais ça n’a pas raté, et, à cause de cette fichue piste sabloneuse, Aziz a calé. Seulement, ils ne finiront pas de nous épater dans leur sens de la débrouille, et notre mécanicien, même si lui-même ne semblait pas y croire, a réussi à remettre le 4x4 en marche en moins de 10 minutes, pour finir de rejoindre Fendek qui nous attendait au campement.

Le site était très caillouteux, ce qui est fort pratique pour se trouver tout un tas de salles de bain et autres toilettes… Et pour faire de belles balades entre les rochers ! Seulement, alors que je m’apprêtais à suivre innocemment les autres partis en promenade, je me suis faite rattraper par Miloud qui voulait me faire faire le repas du soir. Hier déjà il voulait m’enrôler, mais j’avais réussi à me défiler. En fait, le contrat initial était de me coller uniquement à la soupe, mais je me suis retrouvée également à la taguella (galette de semoule cuite dans le sable sous les braises) ainsi qu’à la sauce qui l’accompagne, sans oublier les grenades pour le dessert qu’il fallait égrener. Je ne vais toutefois pas me plaindre, car cela m’a donné une excuse pour passer du temps avec les touaregs. En temps normal, je ne sais jamais si je peux aller m’incruster avec eux, de part ma condition de femme, de jeune, et d’étrangère (ce qui commence à faire beaucoup pour une seule personne !). Je profite donc des veillées pour rester un maximum de temps autour du feu à me chauffer la couenne en les écoutant parler arabe, tout en regardant les étoiles. Ainsi, je n’allais pas laisser passer l’occasion car, là, j’étais sûre d’avoir le droit de rester parmi eux, puisque ce sont eux qui m’ont « séquestrée » !

La dernière veillée de bivouac fut joyeuse mais sage. Tous sont partis se coucher tôt, me laissant aux griffes de trois jeunes touaregs inflexibles qui m’ont soumise à une interrogation orale sur tout le trajet effectué depuis notre arrivée en terre algérienne. Mohamed est un examinateur terrible et incorruptible qui ne lâche aucun indice ! Je m’en suis plutôt bien sortie, bien que je sois encore loin d’obtenir mon diplôme de guide. Grâce à Aziz, je sais désormais comment me repérer avec les étoiles, mais je doute malheureusement que ce ne me soit d’une quelconque utilité à Toulouse où elles sont dissimilées derrière le ciel gris et pollué.

10 mai 2006

Algérie Toussaint 2004 : chapitre 10

"J'ai soif de cette eau là, dit le petit prince, donne moi à boire..."

Le 30 : de l'eau !

Pour mon plus grand bonheur, les ânes ne sont pas revenus durant la nuit me brouter les oreilles après en avoir fini avec l’acacia. J’avais la flemme de retourner me doucher à la source de bon matin (il ne faut pas abuser des bonnes choses, surtout quand le fond de l’air est frisquet !) et j’ai donc traîné jusqu’au retour de Mohamed, Christiane et Jean, qui sont arrivés pile à l’heure pour le petit déjeuner.

Après avoir levé le camp, nous empruntâmes une route assez accidentée. Depuis hier déjà, la piste est digne d’un grand huit, tout en montées et descentes, au milieu de la caillasse, et je me suis demandée plus d’une fois comment les voitures arrivaient à passer. Nous passons ainsi d’oued en oued, le paysage alternant entre grands plateaux rocheux et vallées parsemées de touffes d’herbes et d’acacias.

J’étais en copilote dans la voiture de Mohamed et le trajet était d’autant plus amusant qu’il s’effectuait au rythme de rap et R’n’B made in USA, une cassette «spéciale » qu’il avait ramené de Tamanrasset, me livrant ainsi à un blind test auquel je ne m’attendais pas au fin fond du Sahara ! Comme quoi l’occident nous poursuivra toujours.

Les environs de Tam (c’est comme ça qu’on appelle Tamanrasset quand on est branché au Sahara) dans lesquelles nous voyageons actuellement sont assez peuplées et nous traversons souvent des villages traditionnels. Après une semaine loin de toute civilisation, ça fait sacrément bizarre de revoir des maisons et des gens. C’est vrai que nous ne nous sommes à aucun moment enfermés depuis une semaine, vivant toujours en plein air, même la nuit, que nous passons systématiquement à la belle étoile. Voilà bien la première fois que je vis ainsi en nomade, sans me préoccuper d’avoir un abri sous lequel dormir ! Comme pour la toilette journalière. C’était peut être des questions qui me turlupinaient avant mon départ pour l’Algérie, mais, une fois sur place, tout ceci tombe sous le sens, et à aucun moment je me suis sentie gênée. Contrairement à la France, ici, le confort de l’esprit passe avant celui du corps, et on oublie vite les détails futiles pour se reconcentrer sur l’essentiel.

Après déjeuner, une surprise épatante nous attendait. En effet, qui me croira lorsque je raconterai que j’ai vu de l’eau couler à flot au Sahara, au milieu de luxuriants jardins de palmiers, dattiers et acacias, où ânes et chèvres broutent de l’herbe verte et drue en toute liberté ? Et que les voitures avançaient dans des quasi marécages où l’on avait l’impression qu’elles allaient à tout instant s’embourber ? Ce coin d’oasis se nomme Tanagut. Ici poussent également les grands joncs dont les touaregs se servent pour construire leurs abris. Certains d’ailleurs avaient été coupés, fagotés, puis laissés à sécher au Soleil avant d’être utilisés.

Tout ceci fini par nous faire atterrir dans de grandes plaines sur lesquelles s’élevaient de hauts pics rocheux, rappelant les paysages de western en miniature. Au détour d’une haute porte de roc se tenait, caché dans un petit cirque, le lieu de notre campement. C’était vraiment une petite forteresse, entourée de hautes parois de pierre. Nous étions à l’ombre et il y faisait frais. Toute la fin de journée, nous avons crapahuté sur les roches aux alentours, découvrant des gravures de girafes juste sur la porte d’entrée de ce refuge naturel. D’après Fendek, au sommet du plus haut pic au pied duquel se tenait le bivouac, se trouve une cavité dans laquelle on peut trouver une panthère de gravée… Je me demande bien comment il a fait pour y parvenir, car le mur rocheux paraît d’en bas bien trop escarpé pour permettre à quelqu’un l’ascension sans équipement. Mais cela fait partie du charme. L’essentiel est invisible.

La soirée fut bien morte côté ambiance. La fatigue du voyage, la fraîcheur, ou que sais je encore ? ont plombé l’atmosphère. Mais où donc est passée la douce euphorie d’Inakachekker ? J’espère que ça ira mieux demain pour notre dernier bivouac…

12 avril 2006

Algérie Tousaint 2004 : chapitre 9

"Quelle est cette histoire-là ! Tu parles maintenant avec les serpents!"

Le 29 : Vipères du matin chagrin.

En nous réveillant au petit matin après une nuit agitée, nous nous sommes aperçus qu’au dessus de nous, dans les rochers au sommet de la pente ensablée, se tenait un vrai repère de vipères à cornes qui s’en étaient données à cœur joie durant la nuit, à en croire les nombreuses traces qu’elles avaient laissé sur le sol. Je n’avais jusqu’alors jamais vu pareilles traces : les serpents avaient marqué le sable d’empreintes parallèles bien distinctes où l’on pouvait aisément voir les écailles de leur peau, leur tête triangulaire et leur queue en pointe. Paraît qu’ils se déplacent ainsi en translation de manière à pouvoir grimper les dunes plus facilement, rapidement, tout en ne se brûlant pas avec le sable chauffé par le Soleil.

Nous avons laissé les portes du Tassili pour rouler à travers les plateaux du Hoggar, sur lesquels St Exupéry à un jour rencontré le Petit Prince. Le paysage est alors passé des dunes aux cailloux. C’est vraiment étrange comme il change vite par moment ! A peine cligne-t-on des yeux, et voilà que le sable devient roche, les acacias secs de beaux dattiers généreusement fournis, que le plateau se transforme en oued et les dunes en montagnes effilées. Le désert regorge de diversité et rien ici n’est monotone.

Comme à l’habitude, nous nous sommes arrêtés sous un arbre au milieu de rien pour déjeuner à l’ombre. Puis Mohamed s’est mis en route avec Christiane, Jean, Anne et Claudine, pour raccompagner ces dernières à Tamanrasset afin qu’elles puissent prendre leur avion demain matin. Quant à nous, nous sommes partis les attendre à une source située à une cinquantaine de kilomètres de la ville, nommée Tamakrest. Une voiture en moins, ça faisait sacrément vide, mais nous allions pouvoir nous remonter le moral par une douche bien nécessaire près d’une cascade au milieu des rochers clairs et polis. C’était toutefois sans compter sur l’arrivée inopinée d’un groupe de touristes sans gêne qui ne se sont pas dérangés pour passer au milieu de nous pendant notre toilette ! On ne peut jamais être tranquilles, pas même dans le désert.

Plus ça va et moins j’aime les endroits que Fendek nous trouve pour bivouaquer. Ce soir, nous sommes limite sur la piste menant à la source, au milieu de la poussière et des crottes des chèvres des touaregs du village d’à côté (on a croisé ces derniers avec tous leurs enfants alors qu’ils allaient chercher de l’eau à notre arrivée), sans oublier une offensive sur un pauvre acacia de deux ânes, juste au dessus de mon lit… Bref, cette nuit s’annonçait pire que la précédente, et mon cœur n’était pas à la joie, étant d’humeur maussade. En plus, nous sommes déjà vendredi et le départ d’Anne et Claudine me rappelait qu’un jour, moi aussi allais devoir rentrer.

Au final, la soirée fut tout de même agréable. Comme Christiane et Jean, les deux chefs des touristes, étaient partis, Fendek, Miloud et Aziz sont restés discuter avec nous. Nous avons eu droit à une leçon d’arabe, avec mise en situation de Nicole dans un souq algérien à la recherche de menthe pour le thé qu’elle devait marchander, et Aziz a chanté un long moment, s’accompagnant toujours en tapant sur un bidon vide. Il a l’air tellement heureux lorsqu’il chante, son chèche indigo ne laissant découverts que ses yeux à moitié clos. Quand je partis à mon tour me coucher, la situation me paraissait nettement moins noire, et j’ai réussi à bien dormir malgré tout.

4 avril 2006

Algérie Toussaint 2004 : chapitre 8

"Les hommes? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai aperçut il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver. Le vent les promène. Ils manquent de racines, ça les gêne beaucoup."

Le 28 : L’oued de Tintarabin.

Au réveil, la Lune avait laissé la place au Soleil après son cinéma de la nuit. Ca commençait déjà à chauffer, et ce fut une journée chaude. On étouffait sous nos chèches et roulait toutes fenêtres ouvertes, poussière ou pas.

Nous nous sommes arrêtés à midi à Tahagart, immense amphithéâtre de pierres sombres, site incontournable du désert algérien qu’on voit souvent en photo dans les guides touristiques ou les publicités des agences de voyage. Des colonnes rocheuses s’élevaient autour du cirque, entourées de grosses caillasses tombées à terre à cause du travail du temps et de l’érosion. Le Soleil tapait dur et nous restâmes tels des lézards collés à la roche, tous agglutinés au peu d’ombre fraîche qu’il daignait nous laisser, jusqu’à ce que Fendek sonne le départ. C’était presque à regretter ce temps si caniculaire, car l’endroit mérite qu’on s’y attarde et nous n’avons pu profiter de sa grandeur.

La route de l’après-midi fut plus agréable. Nous traversâmes l’oued Tintarabin parsemé d’acacias et jonché de touffes d’herbe, où se situent de larges dalles gravées. Le matin déjà nous nous étions arrêtés sur un site de sépulture où des tombes quasi circulaires, balisées par des rocailles, laissaient encore apparaître les traces de squelettes recroquevillés dans une position de fœtus, et où des morceaux de poteries étaient éparpillés un peu partout. Nous avons ainsi continué notre voyage dans le passé par la visite de ce musée à ciel ouvert où il fallait prendre garde  à ne pas trop marcher sur les gravures de rhinocéros, girafes et autres bêtes rencontrées par les hommes de l’époque. Une représentait un archer chassant une girafe. Une autre un éléphant en pleine course. Les styles variaient d’un dessin à l’autre. Il y avait même des artistes non figuratifs qui s’étaient laissés aller à des délires de spirales et lignes courbes.

Autour de ces grandes dalles de pierres noires malheureusement brisées par endroits, détruisant alors les gravures, on pouvait trouver des pierres rouges, violettes, mauves, émergeant du sol en fin feuillets, colorant d’une touche pastel la surface sombre.

L’oued était assez sec et le paysage moins enchanteur et magique que précédemment. Pourtant, ce fut un réel bonheur de rouler en cette fin de journée à travers le désert pour rejoindre Imbroum, le lieu du bivouac. J’étais dans la voiture de Mohamed, la plus animée sûrement : ce matin, pris d’un ras le bol de conduire, il avait déjà passé le volant à Jean et, au niveau des dunes ensablées, c’était à Anne, assise à côté du conducteur, de passer en mode quatre roues motrices sur ordre du touareg, en tirant et poussant sur un petit levier à droite de celui de vitesse. Contrairement à ce à quoi il semblait s’attendre, ils ne se sont pas ensablés, et c’était bien comique ! En ce début de soirée, il avait repris les rênes, et suivait les montagnes afin de rester à l’ombre, roulant un peu à l’écart des deux autres voitures, l’autoradio branché en boucle sur de la musique touareg, avec, au loin, les aiguilles de Youfallaket qui pointaient hors des montagnes et des dunes.

Le lieu du bivouac était en pente et la nuit s’annonçait mauvaise. De plus, Anne et Claudine levaient l’ancre demain pour retourner en France plus tôt que prévu pour raisons professionnelles. Bref, l’ambiance était un peu minée, en plus d’être froide à cause des montagnes aux pieds desquelles nous campions qui nous faisaient de l’ombre.

Avant de manger, Mohamed est venu me trouver alors que je méditais, allongée sur mon matelas à contempler les étoiles, afin de me demander mon carnet, sur lequel il voulait écrire un message en arabe que j’aurais à faire traduire une fois de retour au pays. Ainsi, avec Aziz, ils se sont accaparés mon journal, discutant entre eux de ce qu’il fallait écrire, prenant tout le temps nécessaire à la formulation correcte, me laissant complètement perdue et analphabète au beau milieu. Mais j’aime tant les entendre parler arabe ! Par moment, on ne sait plus s’ils parlent ou chantent, et les mots coulent comme une mélodie, rythmée par les différents accents. On dit que l’arabe est une langue dure et agressive, mais rien de tout ça n’écorche mon oreille quand je les écoute, et elle ne perçoit qu’une douce musique aux sonorités inconnues. Ils n’arrêtent pas de discuter, ayant toujours des choses à se raconter, et leurs veillées durent jusqu’à tard dans la nuit.

Ce soir, je ne me suis pourtant pas attardée, me sentant lasse après la folle nuit de l’éclipse qui m’a fait prendre du temps de sommeil en retard, et du départ de deux membres de la compagnie, qui résonnait comme le glas de la fin du voyage.

30 mars 2006

Algérie Toussaint 2004 : chapitre 7

Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes.

Pour les uns, qui  voyagent, les étoiles sont des guides. Pour d’autres, elles ne sont rien que de petites lumières. Pour d’autres, qui sont savants, elles sont des problèmes. Pour mon businessman elles étaient de l’or.

Mais toutes ces étoiles là se taisent.

Toi, tu auras des étoiles comme personne n’en a…

Le 27 : Tagrera, Inakachekker et clair de Lune.

Dure journée qu’aujourd’hui étant donné qu’un coup de barre m’a pourri la forme. Ainsi sont faits les voyages et on ne peut pas être au top tout du long, mais cela fait quand même rager au cours d’un périple comme celui-ci car on n’en profite moins. Pourtant, il y eut de nouveau énormément de splendeur à découvrir et ce fut certainement la plus belle journée de l’épopée saharienne, avec le passage par des sites grandioses.

Nous avons roulé tout le matin jusqu’au site de Tagrera pour y déjeuner, laissant derrière nous notre bivouac haut perché sur la dune parmi les rochers du petit cirque, pour trouver de grosses pierres s’élevant hors du sable et formant tantôt des sortes de gros champignons, tantôt de larges cavités ombragées où il était bon faire la sieste. Encore une fois, nous étions loin d’être les seuls, et c’était amusant de croiser des troupeaux de touristes gardés par de grands touaregs tout d’indigo vêtus. La visite de cet endroit ne peut laisser indifférent au sens artistique de l’érosion qui façonne inlassablement la roche pour lui donner des formes les plus inattendues. La Nature est vraiment étonnante et le désert ne finit pas de me surprendre par ses paysages si étranges.

En repartant, Mohamed s’est engagé dans une course à qui allait s’ensabler le premier en montant une dune avec deux autres chauffeurs d’une autre agence de voyage qui roulaient à côté. En effet, un bon conducteur ne se laisse jamais avoir par le sable traître et mou, et c’est bien leur fierté. Ils ne manquent pas une occasion de se lancer des défis et de faire remarquer quand l’autre s’empêgue au sol. Et gare à celui qui se moquera, car le touareg est susceptible ! En bref, les mecs sont bien partout les mêmes…

Après avoir ainsi traversé de larges étendues de sable plus ou moins mou et plus ou moins périlleux, nous sommes arrivés au grandiose Inakachekker, immense citadelle rocheuse noire , où j’ai passé le restant de l’après-midi à me rouler dans le sable ici si doux et chaud. D’après Jean, c’est ce qu’il y a de plus beau au Sahara ! Pour bien faire, notre chance concernant le temps ne nous a pas quitté et il faisait bon, le vent étant calme et ne charriant pas de sable.

Il est assez difficile de décrire les paysages fascinant que nous traversons. C’est tellement différent de ce qu’on a l’habitude de voir dans notre chère Europe ! La végétation, le sol, la roche, les couleurs… Rien n’est comparable. Ici, tout n’est que grands espaces sauvages dont la beauté nous fait trop souvent oublier l’hostilité. J’ai constamment l’impression d’évoluer dans un monde extraterrestre ou dans un décor de cinéma où tout serait factice, tellement cet endroit dépasse mon entendement et ma réalité.

Le bivouac fut installé au beau milieu d’un bout de plaine, complètement ouvert avec juste le ciel comme protection. Au début, cela ne m’enchantait guère, mais en fait, il n’y avait pas de meilleur endroit pour admirer l’éclipse de Lune qui allait avoir lieu ce soir. Et comme le temps nous était clément, nous n’avions pas besoin de hauts rochers pour nous couper du vent.

Quel bonheur d’aller faire sa toilette au clair de Lune, au milieu des rochers ! En effet, j’étais complètement ensablée après mes galipettes de la fin de journée, et, dans le duvet, le sable, ça gratte ! Et comme, l’éclipse était prévue entre 2 et 4 heures du matin, il fallait que je me sente bien pour affronter la longue soirée. Cette dernière fut animée, la compagnie égale à elle-même, complètement déchaînée. Les discussions étaient animées et les parties de jeux touaregs battant leur plein. Ayant pitié de moi, ils se sont enfin décidés à me donner la solution de mon casse tête (au sens propre) et, effectivement, je n’aurais jamais trouvé seule et aurait été condamnée à rentrer à Toulouse entravée comme un chameau. Je me suis vengée en battaient Miloud à plusieurs reprises aux dames et morpion touareg… Non mais !

La nuit fut magique : tout le monde s’est réveillé pour admirer l’aller de l’éclipse où l’ombre de la Terre s’avançait lentement sur la surface de la dame de la nuit jusqu’à entièrement la recouvrir, lui donnant une teinte rougeâtre et assombrissant le ciel, ce qui laissait toute la place aux étoiles pour briller de milles feux. Les constellations scintillaient au dessus de nos têtes, et, pour ajouter au spectacle, les étoiles filantes pleuvaient en feux d’artifice, donnant vie et mouvement au milieu des astres, pour un ultime bouquet final.

Ce fut la plus belle des éclipses que j’ai vues, loin de la pollution sonore et visuelle des villes, sur fond de ciel noir dans lequel se dessinait la marque blanche de la voie lactée. Je n’ai pas eu le courage d’observer le retour de la Lune, laissant tomber mes paupières sur mes yeux embrumés de sommeil pour aller rejoindre les étoiles dans mes rêves sur mon lit de sable.

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Une française au pays des sables
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