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Une française au pays des sables
Une française au pays des sables
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30 mars 2006

Algérie Toussaint 2004 : chapitre 7

Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes.

Pour les uns, qui  voyagent, les étoiles sont des guides. Pour d’autres, elles ne sont rien que de petites lumières. Pour d’autres, qui sont savants, elles sont des problèmes. Pour mon businessman elles étaient de l’or.

Mais toutes ces étoiles là se taisent.

Toi, tu auras des étoiles comme personne n’en a…
Le 27 : Tagrera, Inakachekker et clair de Lune.

Dure journée qu’aujourd’hui étant donné qu’un coup de barre m’a pourri la forme. Ainsi sont faits les voyages et on ne peut pas être au top tout du long, mais cela fait quand même rager au cours d’un périple comme celui-ci car on n’en profite moins. Pourtant, il y eut de nouveau énormément de splendeur à découvrir et ce fut certainement la plus belle journée de l’épopée saharienne, avec le passage par des sites grandioses.

Nous avons roulé tout le matin jusqu’au site de Tagrera pour y déjeuner, laissant derrière nous notre bivouac haut perché sur la dune parmi les rochers du petit cirque, pour trouver de grosses pierres s’élevant hors du sable et formant tantôt des sortes de gros champignons, tantôt de larges cavités ombragées où il était bon faire la sieste. Encore une fois, nous étions loin d’être les seuls, et c’était amusant de croiser des troupeaux de touristes gardés par de grands touaregs tout d’indigo vêtus. La visite de cet endroit ne peut laisser indifférent au sens artistique de l’érosion qui façonne inlassablement la roche pour lui donner des formes les plus inattendues. La Nature est vraiment étonnante et le désert ne finit pas de me surprendre par ses paysages si étranges.

En repartant, Mohamed s’est engagé dans une course à qui allait s’ensabler le premier en montant une dune avec deux autres chauffeurs d’une autre agence de voyage qui roulaient à côté. En effet, un bon conducteur ne se laisse jamais avoir par le sable traître et mou, et c’est bien leur fierté. Ils ne manquent pas une occasion de se lancer des défis et de faire remarquer quand l’autre s’empêgue au sol. Et gare à celui qui se moquera, car le touareg est susceptible ! En bref, les mecs sont bien partout les mêmes…

Après avoir ainsi traversé de larges étendues de sable plus ou moins mou et plus ou moins périlleux, nous sommes arrivés au grandiose Inakachekker, immense citadelle rocheuse noire , où j’ai passé le restant de l’après-midi à me rouler dans le sable ici si doux et chaud. D’après Jean, c’est ce qu’il y a de plus beau au Sahara ! Pour bien faire, notre chance concernant le temps ne nous a pas quitté et il faisait bon, le vent étant calme et ne charriant pas de sable.

Il est assez difficile de décrire les paysages fascinant que nous traversons. C’est tellement différent de ce qu’on a l’habitude de voir dans notre chère Europe ! La végétation, le sol, la roche, les couleurs… Rien n’est comparable. Ici, tout n’est que grands espaces sauvages dont la beauté nous fait trop souvent oublier l’hostilité. J’ai constamment l’impression d’évoluer dans un monde extraterrestre ou dans un décor de cinéma où tout serait factice, tellement cet endroit dépasse mon entendement et ma réalité.

Le bivouac fut installé au beau milieu d’un bout de plaine, complètement ouvert avec juste le ciel comme protection. Au début, cela ne m’enchantait guère, mais en fait, il n’y avait pas de meilleur endroit pour admirer l’éclipse de Lune qui allait avoir lieu ce soir. Et comme le temps nous était clément, nous n’avions pas besoin de hauts rochers pour nous couper du vent.

Quel bonheur d’aller faire sa toilette au clair de Lune, au milieu des rochers ! En effet, j’étais complètement ensablée après mes galipettes de la fin de journée, et, dans le duvet, le sable, ça gratte ! Et comme, l’éclipse était prévue entre 2 et 4 heures du matin, il fallait que je me sente bien pour affronter la longue soirée. Cette dernière fut animée, la compagnie égale à elle-même, complètement déchaînée. Les discussions étaient animées et les parties de jeux touaregs battant leur plein. Ayant pitié de moi, ils se sont enfin décidés à me donner la solution de mon casse tête (au sens propre) et, effectivement, je n’aurais jamais trouvé seule et aurait été condamnée à rentrer à Toulouse entravée comme un chameau. Je me suis vengée en battaient Miloud à plusieurs reprises aux dames et morpion touareg… Non mais !

La nuit fut magique : tout le monde s’est réveillé pour admirer l’aller de l’éclipse où l’ombre de la Terre s’avançait lentement sur la surface de la dame de la nuit jusqu’à entièrement la recouvrir, lui donnant une teinte rougeâtre et assombrissant le ciel, ce qui laissait toute la place aux étoiles pour briller de milles feux. Les constellations scintillaient au dessus de nos têtes, et, pour ajouter au spectacle, les étoiles filantes pleuvaient en feux d’artifice, donnant vie et mouvement au milieu des astres, pour un ultime bouquet final.

Ce fut la plus belle des éclipses que j’ai vues, loin de la pollution sonore et visuelle des villes, sur fond de ciel noir dans lequel se dessinait la marque blanche de la voie lactée. Je n’ai pas eu le courage d’observer le retour de la Lune, laissant tomber mes paupières sur mes yeux embrumés de sommeil pour aller rejoindre les étoiles dans mes rêves sur mon lit de sable.

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