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Une française au pays des sables
Une française au pays des sables
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12 avril 2006

Algérie Tousaint 2004 : chapitre 9

"Quelle est cette histoire-là ! Tu parles maintenant avec les serpents!"

Le 29 : Vipères du matin chagrin.

En nous réveillant au petit matin après une nuit agitée, nous nous sommes aperçus qu’au dessus de nous, dans les rochers au sommet de la pente ensablée, se tenait un vrai repère de vipères à cornes qui s’en étaient données à cœur joie durant la nuit, à en croire les nombreuses traces qu’elles avaient laissé sur le sol. Je n’avais jusqu’alors jamais vu pareilles traces : les serpents avaient marqué le sable d’empreintes parallèles bien distinctes où l’on pouvait aisément voir les écailles de leur peau, leur tête triangulaire et leur queue en pointe. Paraît qu’ils se déplacent ainsi en translation de manière à pouvoir grimper les dunes plus facilement, rapidement, tout en ne se brûlant pas avec le sable chauffé par le Soleil.

Nous avons laissé les portes du Tassili pour rouler à travers les plateaux du Hoggar, sur lesquels St Exupéry à un jour rencontré le Petit Prince. Le paysage est alors passé des dunes aux cailloux. C’est vraiment étrange comme il change vite par moment ! A peine cligne-t-on des yeux, et voilà que le sable devient roche, les acacias secs de beaux dattiers généreusement fournis, que le plateau se transforme en oued et les dunes en montagnes effilées. Le désert regorge de diversité et rien ici n’est monotone.

Comme à l’habitude, nous nous sommes arrêtés sous un arbre au milieu de rien pour déjeuner à l’ombre. Puis Mohamed s’est mis en route avec Christiane, Jean, Anne et Claudine, pour raccompagner ces dernières à Tamanrasset afin qu’elles puissent prendre leur avion demain matin. Quant à nous, nous sommes partis les attendre à une source située à une cinquantaine de kilomètres de la ville, nommée Tamakrest. Une voiture en moins, ça faisait sacrément vide, mais nous allions pouvoir nous remonter le moral par une douche bien nécessaire près d’une cascade au milieu des rochers clairs et polis. C’était toutefois sans compter sur l’arrivée inopinée d’un groupe de touristes sans gêne qui ne se sont pas dérangés pour passer au milieu de nous pendant notre toilette ! On ne peut jamais être tranquilles, pas même dans le désert.

Plus ça va et moins j’aime les endroits que Fendek nous trouve pour bivouaquer. Ce soir, nous sommes limite sur la piste menant à la source, au milieu de la poussière et des crottes des chèvres des touaregs du village d’à côté (on a croisé ces derniers avec tous leurs enfants alors qu’ils allaient chercher de l’eau à notre arrivée), sans oublier une offensive sur un pauvre acacia de deux ânes, juste au dessus de mon lit… Bref, cette nuit s’annonçait pire que la précédente, et mon cœur n’était pas à la joie, étant d’humeur maussade. En plus, nous sommes déjà vendredi et le départ d’Anne et Claudine me rappelait qu’un jour, moi aussi allais devoir rentrer.

Au final, la soirée fut tout de même agréable. Comme Christiane et Jean, les deux chefs des touristes, étaient partis, Fendek, Miloud et Aziz sont restés discuter avec nous. Nous avons eu droit à une leçon d’arabe, avec mise en situation de Nicole dans un souq algérien à la recherche de menthe pour le thé qu’elle devait marchander, et Aziz a chanté un long moment, s’accompagnant toujours en tapant sur un bidon vide. Il a l’air tellement heureux lorsqu’il chante, son chèche indigo ne laissant découverts que ses yeux à moitié clos. Quand je partis à mon tour me coucher, la situation me paraissait nettement moins noire, et j’ai réussi à bien dormir malgré tout.

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