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Une française au pays des sables
Une française au pays des sables
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13 septembre 2005

Et le boulot dans tout ça ?

Dans le courant de la dernière semaine de juillet, mon maître de stage m’annonça qu’il avait trouvé un interprète pour mon étude. Enfin, j’allais pouvoir me mettre sérieusement au travail ! Je fis ainsi la connaissance de Sidi. Une de ses activités au sein du village est assez originale, car c’est lui qui est chargé d’effectuer les relevés météo. Il faudra que je lui demande de l’accompagner un de ces quatre à la station. Son aide sera plus que nécessaire pour interroger les familles, qui parlent essentiellement tamasheq, mais aussi pour rentrer en contact avec les Iférouanais. En effet, tous le connaissent, ce qui rendra la collecte d’information plus aisée.

Nous avons débuté le travail le 1er août, avec le quartier Nord. Il y a quatre quartiers dans le village d’Iférouane : le Nord, le Centre, le Sud-centre, et le Sud (dans lequel on trouve le quartier des forgerons). Pour compléter la commune, il faut ajouter les quartiers périphériques situés plus loin, le long du kori, ainsi que les nombreux campements de nomades. Je doute qu’on puisse recenser ces derniers, dont la mobilité est importante, surtout en cette période sèche où les puits se tarissent rapidement, obligeant les éleveurs à se déplacer. Mais avant de penser à ça, il faut finir le village, ce qui n’est pas une mince affaire. Nous devons passer maison par maison, ce qui est un travail long. Nous faisions toutefois tout pour annoncer à l’avance notre passage, afin que les foyers soient prêts à nous accueillir.

Chaque quartier possède un représentant de la population, le chef de quartier, dont le rôle est de faire circuler les informations. C’étaient nos interlocuteurs privilégiés car ils connaissent les habitants, et ils les tenaient au courant de notre progression. Il y a également un chef de village, et on trouve aussi les chefs de tribu (ou des représentants de chef de tribu). En effet, les touaregs sont divisés en tribus, une organisation qui m’échappe encore. Tout ce que j’ai pu retenir, c’est la fonction purement administrative du chef de tribu, chargé de collecter les impôts auprès des familles qui se trouvent sous son autorité. Ainsi, à Iférouane, j’ai pu croiser des Kel Ferwan (majoritaires), des Kel Giga (tribu d’éleveurs) et des Kel Tédélé (en très petit nombre cependant).

Le rythme fut vite prit, et une journée de travail ressemblait à peu près à ça :

Si le muezzin ne s’en était pas chargé à 5h, j’étais réveillée vers 6h30 par les cris des enfants et les coups de pilon dans le tendé pour la préparation de la quotidienne bouillie de mil et de lait. Je prenais alors mon temps pour émerger (je me couchais tous les soirs à minuit passé) et je partais vers 7h30 à LUCOP pour squatter la cuisine et prendre mon café. Oui, parce que dans les locaux de la coopération, il y avait une VRAIE cuisine, sans feu de bois, ainsi que de VRAIES douches, vous savez, celles où il y a de l’eau qui tombe du plafond quand on tourne un robinet ! Bref, c’était un petit bout de confort occidental, et mine de rien, c’est appréciable.

Je tenais à mon café le matin, car, malgré tous mes efforts, je ne pouvais pas avaler la bouillie, ayant des problèmes avec le goût du mil. J’ai bien essayé en rajoutant des kilos de sucre, mais ça me rendait plus malade qu’autre chose…

Je restais ainsi dans la salle à manger, à causer avec les personnes qui travaillaient à LUCOP. J’ai rencontré là-bas pas mal de monde, dont je vous reparlerai plus tard. Je les convertissais à la caféine, eux les inconditionnels du thé. Et, chaque jour, je ratais l’heure du rendez vous avec Sidi et j’étais toujours à siroter mon café quand il arrivait à 8h. Après une vaisselle express, nous partions questionnaires sous le bras à la rencontre des familles. A 10h, le soleil sortait et commençait à taper, rendant la progression plus pénible. Nous avons toujours eu un bon accueil dans les foyers. Mais nous étions tout de même content d’en finir à midi ! Nous rentrions alors à LUCOP, retrouvant tout le monde autour du thé qui ne manquait pas de nous demander combien de familles nous avions interrogé aujourd’hui, un air moqueur sous entendant qu’on en aurait pour deux ans pour finir cette étude !

Puis je rentrais manger en vitesse, avant de repartir à 13h pour LUCOP. Ils ne recommençaient à travailler qu’à 15h30, et je pouvais ainsi profiter de l’ordinateur pour rentrer toutes les données collectées durant la matinée. Quand ils embauchaient, ils pouvaient me trouver dans le bureau les yeux explosés par l’écran d’ordinateur et le cerveau en vrac, plein de noms de famille, de nombres d’enfants, d’âges, d’activités professionnelles. Je craquais environ à 16h30 et déclarais la journée finie. Avant de rentrer, je restais discuter un moment, surtout quand c’était Aghali « Joker » qui était de gardiennage. Il est plus que bavard, et le travail de gardien étant fastidieux, je venais souvent lui tenir compagnie. Il avait toujours des histoires à me raconter et j’aimais l’écouter.

Vers 17h30, je levais l’ancre, j’allais poser mes affaires dans ma piole et partais patrouiller vers le quartier Sud. Le programme de la soirée s’improvisait en fonction des rencontres, mais une chose était toujours sûre, c’est qu’il n’était jamais solitaire !

C’était presque tous les jours pareil, mais je ne peux pas parler de routine car chaque journée était différente, avec son lot de découvertes, de surprises, d’embûches et de rencontres. J’évoluais comme un poisson dans son bocal (ce qui est une pensée amusante aux porte du Désert).

Pourvu qu’ça dure !

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Commentaires
S
Salut Anne<br /> C'est pour moi un grand plaisir de pouvoir te retrouver enfin!!J'ai essayé de retrouver ton adresse mais en vain!!Je l'"ai perdu!!C'est extra d'avoir pensé à ceux qui t'ont aidé dans ton stage !!C'est Souleymane Attawel en Algérie<br /> Bonsoir à la famille et aux amis.Salut!!
A
Salut !<br /> Je te laisse enfin un message. Sinon, tu ne sauras pas qu'on est tous super contents de découvrir le Niger avec toi.<br /> <br /> Merci pour tes récits !<br /> Continue !<br /> <br /> Bisous<br /> Prends soin de toi<br /> Amélie
D
Ca me change de mes pantoufles ;-)<br /> Non sérieusement, c'est bien écrit et ça me fait presque envie cette ambiance.<br /> Mais pour autant, convient-il de se lancer ainsi vers toutes les cultures (si tant est que ça soit possible), afin de s'enrichir infiniment?<br /> Je suis troublé.<br /> <br /> Merci pour tout ça Anne, et continue on est avec toi.
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