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Une française au pays des sables
Une française au pays des sables
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12 décembre 2005

Tamtat tan Iferwan

Pendant les deux jours qui suivirent, ce fut les retrouvailles avec le village et ses habitants que j’avais si précipitamment quittés il y avait un mois de cela. Je fus surprise d’entendre des enfants m’interpeller dans les rues par mon nom, ainsi que des personnes que je ne connaissais pas me demander des nouvelles de ma santé. Le recensement est de retour ! J’ai croisé Sidi en partant à LUCOP, et nous sommes allés ensemble saluer les travailleurs de la coopération. C’est avec plaisir que je les ai retrouvé, comme à leur habitude, sous une ombre, mais sans le thé, carême oblige. D’ailleurs, Aghali-Joker, privé de sa dose quotidienne de théine et de nicotine, semble bien souffrir du jeûne. Courage, vous en êtes à la moitié.

La saison de récolte des oignons battait son plein, laissant une odeur peu agréable planer. Enfin, cela ne me posait en réalité que peu de problème, étant donné que mes capacités olfactives étaient fortement diminuées par un rhume carabiné que j’avais ramené comme souvenir d’Arlit. Le travail dans les jardins n’était plus aussi important que durant l’été, et, le ramadan y étant aussi peut être pour quelque chose, il y avait plus de monde au marché le soir, notamment des jeunes. Il faut dire aussi que la rentrée scolaire avait eu lieu et les étudiants étaient revenus de la brousse où ils avaient passés leurs vacances. Reste que, après avoir trouvé l’activité paralysée par le carême à Niamey, Agadez et Arlit, je trouvais Iférouane plus vivant que lors de mon séjour estival.

Nous nous sommes vite remis au travail. Mon maître de stage était absent, et je voulais finir le recensement du village avant son retour pour la fête de l’Aïd. Je repris mes fiches, mon stylo et ma patience pour repartir arpenter les dernières maisons du quartier sud. Mais je dois avouer que je n’étais pas des plus efficaces, entre la fatigue du voyage et la fameuse période d’adaptation des intestins. Toutefois, j’ai pu constater que, cette fois, je n’ai pas été malade à en rester couchée comme ce fut le cas en juillet. A croire que le corps s’y habitue.

Les forgerons ont insisté pour que cette fois, je reste avec eux dans le quartier sud, et que je ne retourne pas chez mon maître de stage. C’est vrai qu’au final, je restais toujours chez eux, et qu’en définitive, je ne passais que peu de temps chez mes hôtes. Ainsi, j’ai trouvé un toit dans la chambre de Tinna, chez la tante Toumat, et je m’y plais bien. Tous les forgerons vivent quasiment les uns sur les autres, leurs maisons étant mitoyennes. C’est souvent le cas des grandes familles ici : toute la tribu reste dans un même quartier. Si bien que je me retrouve littéralement immergée dans la famille.

La saison touristique a commencé avec l’arrivée du premier avion à l’aéroport Mano Dayak d’Agadez le 22 octobre, et depuis, c’est un défilé de convois de touristes. La forge avait chauffée dur pour les derniers préparatifs, et désormais, les forgerons s’affairent à vendre colliers, bagues, bracelets, sac en cuir, portes clés, piques olives (si, si, très traditionnel, et en argent s’il vous plaît !) et divers articles en argent. Lorsque je descends du travail, j’aime passer les voir à la boutique artisanale. Ils sont toujours tous assis devant les locaux du Centre Artisanal et Musée d’Iférouane (le CAMI), à l’ombre, la plupart du temps bien habillés selon la tradition, à attendre l’arrivée des 4x4. Et quand les touristes débarquent, c’est l’abordage… Alors je rentre préparer la salade et la rupture du jeûne avec les femmes. Les hommes jeûnant dur toute la journée, ils ne tarderont cependant pas à rentrer !

Je me réhabitue ainsi tout doucement. Je me sens lente dans tout ce que je fais, me sentant souvent fatiguée, mais je me dis que c’est juste le fait de se remettre au climat. Parfois, avec mon rhume et mes divers maux de tête et de ventre, je suis un peu découragée, mais il faut juste prendre patience.

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