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Une française au pays des sables
Une française au pays des sables
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16 mars 2006

Algérie Toussaint 2004 : chapitre 2

Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards.

Mais si tu m'apprivoise, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serais pour toi unique au monde...

Le 22 : En route !

Me voici dans l’avion pour Tamanrasset. Il est 17h20 et notre voyage se déroule pour l’instant sans aucun retard ou autres soucis, ce qui a l’air d’étonner Jean, l’organisateur du périple.

Ce fut pourtant dur de se lever ce matin, et je n’ai pas manqué de me prendre un coup de stress, pensant être en retard au rendez-vous de 7h chez Christiane et Jean. J’avais trop traîné dans la salle de bain, anticipant les 10 jours sans l’ombre d’une douche… Mais j’étais juste à l’heure et ai retrouvé une partie de la troupe autour d’un café. Il y avait Anne, sa mère Claudine, Marie-Hélène et François, notre deuxième médecin avec Christiane. Nous nous sommes mis en route pour l’aéroport de Marseille d’où notre avion décollait, prenant au passage du péage en sortie de la ville rose, Jacques, Nicole, Jackie et Jean-Louis, les derniers membres de la compagnie.

Je nageais en plein paranormal, suivant le groupe en essayant de me poser le moins de questions possibles à travers les points de contrôle et d’embarquement qui s’enchaînaient les uns derrière les autres.

En un mot, j’étais complètement hors du voyage.

Pour me mettre dans l’ambiance, il a fallu attendre le vol Marseille-Alger que j’ai passé aux côtés d’un français d’origine algérienne… Mais attention : kabyle ! Il m’a fièrement conté ses origines berbères aux racines vikings, et comment son peuple s’opposait à toute forme de pouvoir. Musulman pratiquant mais modéré, il m’a présenté sa vision pacifiste et accueillante de l’islam, religion ouverte et tolérante. Notre voyage tombe en plein ramadan, et il m’a promis un accueil des plus chaleureux de la part de ses compatriotes. Je n’ai pas vu passer le voyage, me mettant un peu à l’heure algérienne.

Sortie de l’avion, bouffée de chaleur lourde dans une luminosité orangée… Alger… Des visages souriant, même de la part des policiers, quelques femmes vêtues de tenues multicolores, des hommes plus ou moins jeunes, moustachus ou rasés de près, le teint halé, cheveux noirs, des yeux sombres et des traits fins... Mon regard errait au milieu d’une foule inconnue où se mêlent voiles et ganduras, mon esprit s’y perdait à travers mes yeux écarquillés. « Vous êtes français ? » La question ne se pose même pas. Vite repérée, je me sens si étrangère et observée…

17h42… Heure d’arrivée : 19h02. Il est moderne, cet avion de la compagnie air Algérie, et il y a même un écran tous les 9 sièges indiquant avec précision, en temps réel, où nous nous situons, quelle heure il est, la température extérieure, et ce en français, arabe et anglais. Il y a un autre groupe de touristes occidentaux, menés par une connaissance de Jean. Et là-bas, un algérien tout de blanc vêtu, la tête enroulée dans un grand chèche.

Altitude : 10 058m… 17h46…

J’ai hâte d’y être…

Et j’aurais débarqué sur mars, cela m’aurait fait le même effet ! Déjà, dans l’avion, l’homme au chèche blanc rompant le jeûne au couché du soleil qui s’éteignait sur les dunes de sables sous nos pieds, a sorti de longues branches pleines de dattes fraîchement coupées, en distribuant à tout l’avion. « Goûtez, ce sont des dattes algériennes » nous a dit le jeune homme assis devant nous, traduisant apparemment ce que l’autre avait dit en arabe.

Dès que j’eus posé un pied hors de l’avion, j’ai su que j’étais à des années lumières de ma Terre natale : rien de chez rien à perte de vue autour de nous. La terre et le ciel étaient noirs, mis à part la ligne d’horizon où une bande rougeoyante témoignait encore de la présence du soleil. Je marchais d’un pas peu assuré vers le hall des arrivées où je m’attendais encore moins au choc qui m’y pris. Les guides touaregs attendaient leurs touristes en grandes tenues bleues, leur chèche blanc ne laissant apparaître que leur regard pénétrant et sombre, fixé sur la porte d’entrée. Il y avait aussi des femmes en belles robes fines et brodées.

Bonjour l’intimidation ! Je devais avoir l’air bien ahurie et ne savais ce qu’il m’arrivait. Nos guides nous ont bien réceptionné, quoiqu’un rien en retard, peu habitués à ce que l’avion soit à l’heure. Il y avait Fendek, notre grand guide, et Mohamed, qui s’occupe plus de l’intendance et de la logistique. Et puis Aziz, le mécanicien. Tous allaient être nos chauffeurs pour cette aventure saharienne.

Etre au milieu des touaregs, en plein désert… Et dire que j’étais à Toulouse toute stressée ce matin ! Une sensation qu’on ne peut exactement décrire. Un dépaysement total. Rouler en 4x4 sur des pistes de sable et de cailloux, préparer le bivouac au milieu de nulle part (ce qui ne signifie pas pour autant n’importe où !) à la pâle clarté de la demi Lune qui ne nous permet toutefois pas de discerner précisément les alentours. Tout n’est qu’ombres. Sauf autour du feu où les touaregs se sont réunis pour préparer le thé et le repas, assis en tailleur ou couchés sur le côté, leur visage éclairé par les flammes jaunes orangées. Ils rappellent les noirs d’Afrique par la couleur sombre de leur peau, mais également les maghrébins  par leurs traits secs et leur allure élancée. Avec leur chèche et leur longue gandura, ils sont d’autant plus impressionnants ! Et si accueillants… Notre cuisinier, Miloud, est un vrai chef et nous avons eu droit à un réel festin. Nous avons d’ailleurs trop mangé et il n’a pas été dur de s’endormir après ça, sous le ciel rempli d’étoiles…

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